Le système visuel occupe une large place au sein du cerveau, ce qui explique l’occurrence élevée de troubles neurovisuels à la suite d’une atteinte cérébrale. En effet, on considère qu’environ 60% des patients cérébro-lésés adultes présentent un trouble neurovisuel au décours de leur maladie.

La recherche d’un trouble neurovisuel doit être entreprise dès qu’il existe une plainte ou une gêne visuelle chez une personne ayant une acuité normale ou corrigée. Cependant, les patients atteints de troubles neurovisuels ne formulent pas toujours de plainte visuelle. Chez l’enfant par exemple, les lésions sont le plus souvent périnatales et le système visuel n’a jamais pu se développer correctement. Ainsi, l’enfant ne peut pas juger de la qualité de sa vision car il n’a pas de point de référence d’une vision intègre antérieure. C’est pourquoi dans certains cas, d’autres éléments que la plainte visuelle doivent pousser à consulter afin de rechercher une possible atteinte centrale et de mettre en place, le cas échéant, une prise en charge spécifique.

1.     Chez l’enfant

 

Il est absolument nécessaire de s’interroger sur une possible atteinte centrale chez les enfants présentant des troubles sévères des apprentissages ou du comportement, se traduisant parfois par un échec dans un domaine spécifique tel que l’apprentissage du langage écrit, la géométrie ou encore l’organisation de l’espace.

En effet un certain nombre d’enfants présente, à la naissance ou dans la petite enfance (au décours d’une anesthésie pas exemple), un problème d’oxygénation du cerveau (anoxie cérébrale) se traduisant pas des lésions postérieures diffuses et des séquelles de cécité corticale, ou encore un ou plusieurs traumatismes crâniens pouvant être responsables de lésions postérieures plus ou moins diffuses.

Les progrès de l’imagerie cérébrale sont tels, ces dernières années, qu’il devient possible, en adaptant les protocoles d’IRM en particulier, de véritablement passer au crible les aires cérébrales postérieures, y compris d’enfants jeunes, et de trouver des traces de lésions postérieures même néo-natales, voire d’absence de formation (agénésie) de ces aires chez des enfants suivis à tort, jusqu’à un âge souvent avancé, pour un trouble des apprentissages, des problèmes psycho-affectifs ou comportementaux et chez qui le diagnostic neurologique n’a jamais été posé.

Dans la mesure où ces troubles peuvent être diagnostiqués et pris en charge, même lorsque leur étiologie n’est pas clairement établie, il convient donc, chez des enfants suivis depuis des années sans succès pour un trouble sévère des apprentissages (du type dyslexie, dysorthographie ou dyspraxie), de faire un bilan neurologique, neuropsychologique, ophtalmologique et neurovisuel, afin de vérifier l’organicité des troubles et de les caractériser.

2.     Chez l’adulte

 

La présence d’accidents de voiture à répétition ou de chutes, latéralisées en particulier, la plainte d’une lecture brouillée ou ralentie, l’impossibilité de retrouver un objet spécifique dans un contexte visuel complexe ou encore la sensation d’un morcellement de l’environnement visuel en absence de pathologie oculaire, doivent immédiatement évoquer une atteinte centrale, surtout si l’acuité visuelle est normale ou corrigée.

Il faut rappeler que la plupart des troubles neurovisuels d’origine centrale ne s’accompagnent pas forcément d’une conscience du trouble par le patient, et cette anosognosie est sans aucun doute un facteur majorant l’absence de diagnostic de ces troubles. On peut donc être amené à faire le diagnostic de trouble neurovisuel d’origine centrale, alors même que le patient n’a aucune plainte visuelle explicite.

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