Les troubles visuels d’origine centrale sont essentiellement connus chez l’adulte, mais un nombre croissant d’études décrit des troubles neurovisuels chez l’enfant. Ces études suggèrent que ces troubles ne sont pas sans conséquences sur le développement de l’enfant que ce soit au niveau comportemental, cognitif, émotionnel, ou celui de ses acquisitions scolaires.

Des études européennes considèrent que 5% des enfants scolarisés présentent un trouble des apprentissages. Les recherches dans ce domaine insistant sur le rôle délétère des troubles neurovisuels sur l’apprentissage, on peut ainsi faire l’hypothèse que 2 à 3% des enfants de 5 ans présente un trouble neurovisuel, c’est-à-dire une difficulté particulière à explorer, analyser, mémoriser, visuellement ou à orienter leur attention dans l’espace.

Au niveau neuro-anatomique, ces troubles peuvent être consécutifs à une lésion des régions postérieures ou sous corticales, ou bien à une agénésie des ces régions, c’est-à-dire à une absence de formation des ces aires cérébrales au cours du développement. De plus, il peut exister un phénomène d’atrophie de la substance blanche, comme dans le cas de la leucomalacie périventriculaire qui signe une dégénérescence de la substance blanche périventriculaire. Cependant, même si ces lésions sont responsables de ces troubles elles ne sont pas systématiquement retrouvées chez l’enfant et ceci est sans doute en lien avec les limites des outils de l’imagerie cérébrale morphologique.

Les deux principales causes de lésions chez l’enfant, ou étiologies, sont d’une part un épisode hypoxique néonatal (36% des enfants) où l’enfant aurait été privé d’oxygène suffisamment longtemps pour entrainer des dommages cérébraux, et d’autre part une naissance prématurée à moins de 33 semaines de grossesse (30% des enfants). En effet, les progrès en néonatalogie ont conduit à une augmentation du taux de survie des enfants prématurés (grands prématurés en particulier) et des enfants gravement malades, cependant ces progrès s’accompagnent également d’une augmentation de la prévalence des atteintes neurologiques chez l’enfant.

Contrairement à l’adulte, les troubles neurovisuels de l’enfant sont souvent congénitaux ou acquis très précocement. Ceci entraine des différences cliniques fondamentales au niveau de l’évaluation et de la prise en charge de ces patients, mais aussi sur les conséquences de tels troubles sur les individus. En effet, alors que l’adulte dans la plupart des cas perd une fonction acquise antérieurement, les enfants sont des individus en développement, qui n’ont souvent  jamais développé la fonction déficitaire, et qui doivent pour autant développer et construire toutes leurs autres habilités cognitives, comportementales et émotionnelles. De plus, n’ayant pas de point de comparaison sur un système intègre antérieur, les enfants ne vont pas forcément formuler de plainte visuelle claire même si leur déficit est important. C’est pourquoi certains déficits visuels de l’enfant peuvent être détectés très tardivement, l’impact potentiel sur le reste de leur développement ou sur leurs acquisitions scolaires peut alors être très important quand on sait l’importance considérable de la vision dans les apprentissages. Le dépistage des troubles neurovisuels est donc un enjeu majeur pour permettre aux enfants atteints d’être pris en charge au plus vite.

Voir aussi :